L’Orme, un matériau rare et précieux pour du mobilier d’exception
Nombre de meubles de notre quotidien sont façonnés à partir de chêne, pin, frêne, bouleau… et le noyer, l’acajou, ou encore l’ébène, n’ont plus de secret pour les amateurs de mobilier ancien. Mais il existe une essence de bois, noble et précieuse, devenue particulièrement rare aujourd’hui : l’orme. Un matériau unique pour des meubles d’exception.
Renommée et raréfaction d’un bois de qualité
Originaire d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’orme est apparu sur Terre il y a plus de 65 millions d’années. Une croissance rapide, facile à bouturer et à cultiver grâce à sa grande adaptabilité face aux différents sols et climats, l’orme était un matériau de premier choix pour les menuisiers, charpentiers et ébénistes des siècles passés.
Massivement planté en Europe, il était utilisé dans tous les domaines. Aussi résistant à l’eau que le chêne ou l’aulne, il était l’un des bois de prédilection pour les pilotis, les moyeux de roues à aube ou de moulin à eau. Bois de marine, il fut utilisé jusqu’au XIXème siècle pour les coques de bateaux, les affûts ou encore les barres d’anspect. Et sa dureté en faisait un matériau idéal pour les vis, les roues des calèches et la confection de sabots.
Sous François Ier et Henri IV, l’orme connu même un succès comme arbre décoratif, raison pour laquelle il n’est pas rare d’en apercevoir, encore aujourd’hui, dans les parcs municipaux !
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Mais alors que Paris abritait près de 30 000 individus, il ne reste aujourd’hui qu’un millier d’ormes dans les rues de la capitale. Au lendemain de la première guerre mondiale, une maladie décime massivement les ormes de l’hémisphère nord. La graphiose de l’orme, également appelée maladie
hollandaise de l’orme, est une maladie fongique transmise par les scolytes, des coléoptères xylophages, qui dispersent les spores dont ils sont recouverts.
L’orme en décoration d’intérieure
La plus célèbre des pièces de mobilier en bois d’orme se trouve sans aucun doute au château de Fontainebleau. Il s’agit du berceau du roi de Rome, fils de Napoléon Bonaparte, façonné à partir de loupe d’orme ; un matériau précieux très recherché en ébénisterie. En effet, ces excroissances du tronc, notamment utilisées en marqueterie comme feuilles de placage, donnent des motifs à nul autre pareil réservées à des meubles d’exception.
Mais l’orme n’est pas seulement plébiscité pour ces pièces de musée. C’est également un matériau très prisé dans le mobilier vintage ; un bois auquel les années confèrent une patine unique.
L’orme brut a ainsi trouvé toute sa place dans nos intérieurs plus contemporains. Chaises, tables, bibliothèques et enfilades apportent une touche moderne et minimaliste, pleine de caractère. En association avec une décoration chaleureuse et cosy faite de peaux lainées, d’accumulation de coussins et de plaids en grosses mailles, pour une décoration d’inspiration scandinave. Et pour un esprit plus Wabi-sabi, on accorde le mobilier en bois d’orme avec des matières brut, de la pierre, de la terre cuite et du lin.
Inspirations - Photos @Galerie44
Ces designers qui l’ont façonné
Harmonieux, polyvalent, durable… les qualités de l’orme ont su séduire de grandes maisons d’édition et des artistes designers qui en ont fait un matériau de choix pour la production de leurs plus belles pièces.
Comme la maison française Regain, véritable référence dans l’univers du mobilier brutaliste, qui a fait de la fabrication de meubles en orme sa spécialité dans les années 1960 à 1980, en collaborant notamment avec le designer Roland Haeusler.
Un style brutaliste et des lignes minimalistes, c’est également ce qui caractérise l’ensemble de l’oeuvre de Pierre Chapo, toujours empreint d’une grande inventivité, comme sa célèbre table basse en orme, T22, dit OEil. Si la peinture a pu attirer le jeune Chapo, c’est au bois qu’il dédiera sa carrière après sa rencontre avec un charpentier de la marine qui lui fera découvrir le travail d’une matière qui lui permettra d’exprimer toute sa créativité. Le chêne, le frêne et bien sûr l’orme massif, seront ses trois matériaux de prédilection pour marier son attrait pour le design contemporain à son amour du savoir-faire artisanal traditionnel. Dans sa galerie du boulevard de l’Hôpital, il exposera les créations d’autres designers, comme les sculptures organiques de Isamu Noguchi dans lesquelles il se retrouve, avant de développer son propre atelier de fabrication de meubles.
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Roche Bobois, une autre entreprise française, a également édité du mobilier en bois d’orme, dont les créations de l’architecte italien Giovanni Luigi Gorgoni. Artiste polyvalent, il exprime sa créativité et son savoir-faire dans des domaines aussi divers que l’architecture et l’urbanisme, le mobilier urbain et le design produit. Il compte, parmi ses clients, nombre de gouvernements, d’organisations internationales et d’administration publiques.